Parue en 2001, cette charte est le résultat d’un travail commun entre 3 partenaires :
Depuis plusieurs années, de nombreux organistes professionnels ou bénévoles, réclamaient un texte de référence. Après une enquête effectuée auprès des organistes de tous les diocèses et le dépouillement des 1400 réponses reçues, la charte définit la place et les tâches de l’organiste liturgique d’aujourd’hui, dans ses relations avec les différents acteurs de la liturgie, dans un esprit de coopération et d’ouverture où chacun tient la place qui est la sienne, et rappelle la place de l’orgue dans la culture, et son rôle pastoral en dehors de son utilisation liturgique.
Dans le dialogue permanent entre Dieu et les hommes, dont la liturgie est le lieu, l'homme répond de manière active et, entre autres, par l'expression musicale et le chant. En effet, la musique et le chant permettent d'atteindre un langage sacré et les paroles rituelles ne trouvent leur forme parfaite que dans l'art musical. D'autres arts, architecture, statuaire, peinture, vitraux, posent dans l'espace leur présence statique. Mais dans le plus modeste des édifices, la musique sacrée escorte et conforte l'action liturgique tout au long de son déroulement. Donc le musicien d'Eglise est chargé de favoriser la rencontre du peuple rassemblé avec Dieu. Il ne fait pas qu'apporter une décoration, il ne sacrifie pas le service de la liturgie à sa propre expression mais permet au chant sacré de trouver sa plénitude. C'est dire la haute responsabilité du musicien d'Eglise qui exerce une véritable "fonction ministérielle dans le service divin". Il est, à sa façon, serviteur du culte divin puisque "la musique sacrée a, en effet, pour but premier, que Dieu soit glorifié, et les hommes sanctifiés". (Rituel de bénédiction d'un orgue n 1057).
Depuis le Moyen Age, l'orgue est devenu un instrument caractéristique de la prière en Occident, plus que n'importe quel autre instrument. De nombreuses formes musicales qui lui sont propres ont trouvé leur source dans l'action liturgique, et, des prédécesseurs de Bach jusqu'à nos jours, de nombreux organistes ont découvert le rôle de l'orgue dans leur intuition religieuse ou dans leur vie de croyants. Souvent encore, les organistes ont été des compositeurs prolifiques de motets, cantates, musique et chants religieux ; comme interprètes et chefs de chœur, ils ont fait monter la louange des hommes vers Dieu. La multiplicité des sons de l'orgue et son aptitude à les mélanger font de lui un instrument dont le caractère communautaire est évident : il est le symbole vivant de l'unité dans la diversité et appelle toute communauté chrétienne à le devenir. Au-delà de son aspect spécifiquement utilitaire, il permet à une culture locale de trouver sa place dans le culte rendu à Dieu. Né de la main des facteurs d'Allemagne ou d'Espagne, de France ou d'Italie..., il témoigne de la prise en compte par la liturgie de l'Eglise d'un grand nombre de cultures.
Enfin, nombre d'églises ne sont pas dotées d'orgues à tuyaux ; mais les personnes qui sont obligées de jouer sur d'autres instruments à clavier sont héritières de cette longue tradition.
La fonction d'organiste est un service que la Présentation Générale du Missel Romain rappelle au n 63. "Parmi les fidèles, la schola ou chorale exerce sa fonction liturgique propre ; il lui appartient d'assurer les parties qui lui reviennent en les exécutant comme il se doit, selon les divers genres de chant, et de favoriser la participation active des fidèles par le chant. Ce qui est dit ici de la chorale vaut, toutes proportions gardées, pour les autres musiciens, mais surtout pour l'organiste" (n 63). Au service de l'action liturgique et de la prière du peuple, l'organiste n'est pas seul : il est un des acteurs de la célébration et ne peut concevoir son rôle qu'en concertation avec les autres acteurs.
Il est l'accompagnateur du chant de l'assemblée dont il doit être l'animateur efficace. Il sait utiliser les plans sonores de l'instrument pour accompagner comme il convient solistes, choeur et assemblée. Il aide à distinguer les différents rites ou moments de la célébration et évite une uniformité qui n'a pas sa place dans la liturgie. Il soutient le chant, fait respecter les rythmes en utilisant une registration appropriée. A ce rôle d'accompagnateur, il ajoute celui d'interprète des oeuvres du répertoire pour orgue ; il sait l'adapter aux temps liturgiques et favorise ainsi l'éducation du peuple chrétien à la richesse variée de l'année liturgique. Par la musique, il annonce et célèbre le mystère du salut. Grâce à l'improvisation ou par des moyens simples, il donne à la liturgie une dimension poétique nécessaire à son épanouissement. Il sait introduire le chant par un prélude, le prolonger par un postlude, lui donner de la respiration par des interludes. Entrant dans l'action liturgique, il commente la Parole de Dieu, conduit au silence, à la louange, à la méditation.
Par délégation de l'affectataire,
Les fonctions liturgiques et extra-liturgiques de l'organiste étant définies, son recrutement doit s'effectuer sur des critères précis qui tiennent compte et des besoins effectifs de la paroisse et des possibilités tant humaines que financières d'un tel projet. C'est l'affectataire qui nomme l'organiste (ou les organistes) au vu de ses (leurs) compétences musicales et liturgiques et en concertation avec des conseillers musicaux et des membres des services diocésains. En outre, dans le cas de tribunes importantes dont la liste établie entre les différents partenaires de la présente charte est citée en annexe 2, il effectue cette nomination soit par concours, soit au vu des compétences déjà reconnues. Les procédures sont déjà définies dans certains diocèses. Il serait bon de les harmoniser dans l'ensemble des diocèses. En annexe, on trouvera une proposition de procédure de nomination.
Pour mener à bien l'ensemble des responsabilités et des activités qui en découlent, il faut à tout organiste
Ces formations initiales doivent être régulièrement entretenues par des actions de formation.
Il y a lieu de distinguer, au vu notamment de la législation fiscale et sociale :
En ce qui concerne les "intermittents du spectacle", ceux-ci sont employés et rémunérés de façon occasionnelle et irrégulière et soumis à un régime particulier d'obligations sociales.
D'autre part, un organiste peut recevoir une lettre de mission, si son activité comporte un caractère pastoral plus affirmé, mais il reste soit bénévole, soit salarié.
Il n'est pas possible d'admettre un organiste ayant le statut de "travailleur indépendant" et qui recevrait des honoraires pour ses prestations, car ce serait incompatible avec le droit canon : en effet, l'organiste n'agit pas selon sa propre initiative dans la liturgie ; il reste soumis à l'autorité de celui (prêtre ou diacre) qui préside la célébration et qui est responsable de son bon déroulement ; de ce fait, il ne bénéficie pas de l'indépendance qui caractérise une profession libérale.
L'orgue peut être propriété soit de l'Etat (orgues de cathédrale), soit de la commune, soit de l'association diocésaine. Dans tous les cas, l'organiste doit veiller personnellement à l'entretien de l'instrument
(cf. paragraphe 4 a). Dans le cas d'une restauration ou d'une construction d'orgue, il doit s'impliquer personnellement dans le projet. Avec l'affectataire, il prend contact avec le propriétaire et les autorités compétentes pour la mise en oeuvre des travaux.
Il est important que l'affectataire et l'organiste - conseillés par la commission diocésaine - s'impliquent dans le suivi des dossiers et gardent la maîtrise des options prises, même si le choix du facteur est limité par la nécessité de faire des appels d'offres. En effet, ce sont l'affectataire et l'organiste qui doivent utiliser l'instrument dont la destination première doit rester liturgique. La présence d'un orgue est un atout pastoral. C'est pourquoi une participation même modeste de l'affectataire lui donnera du poids au moment de la prise de décision.
Fait en 4 exemplaires à Paris, le 28 novembre 2000, et signée par
(Commission Episcopale de Liturgie et Pastorale Sacramentelle)
(Association Nationale de Formation des Organistes Liturgiques).